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© Laurence Allée, musique arrangement voix violon
violoniste – compositeur membre SACEM
© Karine Drieskens, textes
juin 2020, tous droits réservés
La photo
Juste après Vienne
Depuis les profondeurs oubliées
Double tour des fonds du passé
D’épars objets usés, ternis,
Comme ma peau, doucement flétrie
De caisse en caisse j’ouvre les débris
Sous la poussière et sans un tri
Des souvenirs marqués, scotchés
Ici “photos”, là “pas toucher”
Remontent, jusque dans ma gorge
Tous les doux accents de ta voix
D’Autriche la musique des orgues
À jamais me cloue sur ma croix.
Enfance, amours évadés
Jeune femme en robes démodées
Ma grand-mère, que j’ai tant aimée
Et tous ces ancêtres si âgés
Et puis toi, avec tes 20 ans !
Ton départ était imminent
Vers chez toi, la ville impériale
Pour moi cette Vienne fatale
Tes amis te disaient au revoir
Dans les rires oh combien légers
Cette fête, dans le grand miroir
Mon reflet se désagrégeait
Plus près je scrute ton visage
Par delà toutes ces années
J’y retrouve le jeune homme sage
Aux gestes doux, aux doigts croisés
Remontent, jusque dans ma gorge
Tous les doux accents de ta voix
D’Autriche la musique des orgues
À jamais me cloue sur ma croix.
Et soudain me frappe, volontaire
Ton regard, d’une fulgurance
Tout ce que tu voulais me taire
Dans l’objectif, avec violence
La douleur tu la ressentais
Toi aussi me disais adieu
Cette tristesse fixée à jamais
Je la lis au fond de tes yeux
Remontent, jusque dans ma gorge
Tous les doux accents de ta voix
D’Autriche la musique des orgues
À jamais me cloue sur ma croix.
#laurenceallée
Karine Drieskens